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  • Photo du rédacteurAline Savard

Atmosphère

Dernière mise à jour : 12 août 2022

Ce mot. Tout simple. Bon, pas si simple à écrire pour mes scripteurs débutants... Et pas si simple finalement pour l'enseignante que j'étais lorsqu'entendu pour la 1ière fois par Christian Borgetto, de passage dans ma classe. C'était en 2017. J'en était à 11 ans d'expérience en pédagogie Freinet. Onze ans à lire sur la pédagogie Freinet, à me promener dans les écoles du Québec, à observer mes collègues, à assister à des colloques, des stages ou des formations. Voilà que ce monsieur, tout frais arrivé de la France, après avoir visité l'école et passé la journée dans ma classe, au rythme des élèves et des discussions informelles, répondait à une petite question que je lui posais : Est-ce que ce que vous avez vu aujourd'hui reflète ce que vous connaissez de la pédagogie Freinet ? Et il m'avait répondu: « C'est différent, mais l'atmosphère Freinet, on la sent partout. »


L'atmosphère Freinet? Eh oui! Une autre affaire! Après les fondements de la pédagogie Freinet, les techniques, la vie coopérative, le tâtonnement expérimental, etc. Voilà qu'on me parlait d'atmosphère Freinet! Atmosphère !? Ce mot a suscité plusieurs questions et alimenté mes réflexions depuis. À quoi reconnait-on une atmosphère Freinet. Qu'est-ce qui la détermine? Est-ce que l'enseignant.e y joue un rôle? Comment?


Il me fallait me mettre en mode observation. Pour voir l'atmosphère qui règne dans ma classe, tenter de la re-connaître. De comprendre d'où elle vient. Comment elle se manifeste. C'est difficile de définir quelque chose d'aussi subtil. C'est aussi très subjectif. Ça dépend sous quel angle on l'observe. J'ai entendu parfois que ma classe n'avait pas de structure, que j'étais très (voire trop) alternative, que j'étais trop proche des enfants, que je les laissais faire n'importe quoi, etc. Mais ça dépend de la perspective sous laquelle on observe, et là, c'est moi qui a eu le privilège d'observer ce qui se dégage de ma classe.

J'me suis donc mise à regarder les enfants. Le matin, ils entrent, avec le soleil, et ils s'installent, doucement. Ils jasent un peu, s'installent. Puis, la journée part jusqu'à ce moment de la journée où, surprise, je m'écris : «Schnout! Il nous reste 5 minutes pour tout ramasser !! »

Car à ce moment, épuisée, tout ce que j'y vois est un sacré bordel! Du matériel partout, des livres, des jetons, des blocs. Du papier, du carton, surtout des petites miettes jonchant le sol. Des crayons, toutes sortes de crayons. Sur les tables, dans les bacs, par terre. Des morceaux de pâte à modeler collés sur le plancher. De la colle et des taches de peinture sur les tables, séchées. Vraiment, le bordel. Mais un bordel joyeux, débordant de vie. Il se passe quoi entre le matin, lorsque les enfants entrent avec le soleil, et ce passage à une telle pagaille.

L'EXPLORATION

L'atmosphère se voit par la possibilité pour les enfants d'explorer, d'essayer et d'avoir accès à du matériel riche et intéressant, pouvant leur permettre de trouver leurs intérêts et de les développer. Ainsi, les projets des élèves, ponctuels ou plus longs, deviennent possibles. Donc, lorsqu'on entre dans ma classe, ce qui accroche le regard, c'est une panoplie de matériel accessible pour toutes les sphères scolaires (livres, matériel de mathématiques, de sciences, d'arts, etc.). Ce matériel est riche et invitant à la manipulation. Et les enfants s'en servent!


LA LIBERTÉ

L'atmosphère se voit aussi par la liberté qu'ont les enfants. La liberté de choisir ce matériel selon leurs intérêts, la liberté dans leurs déplacements, la liberté de changer d'idée, la liberté de prendre des pauses, d'aller voir ce que les autres font, etc. Ces libertés viennent bien entendu avec des responsabilités, comme celle de se trouver un projet de travail, d'exploration. Lorsque je m'assoie en retrait et que je regarde mes élèves, ils sont comme des petites abeilles. Tous occupés, un peu partout, à différentes tâches.


LE BRUIT

L'atmosphère se voit aussi par le silence... qui n'est jamais. Parce qu'on vit en groupe. Parce qu'on n'apprend pas seul. Parce que les enfants changent de place. Parce qu'un livre qu'on partage devient soudainement plus intéressant et on veut le partager avec son ami, parce qu'on cherche une idée en écriture et que celui de la table d'à-côté a toujours de bonnes idées, parce qu'un enfant se pose une question et a besoin de la partager. Bref, ça bouge, ça fait du bruit, c'est occupé.


LES LIENS

L'atmosphère se voit aussi par les liens. Les liens que j'ai avec les enfants. Ce lien n'est pas bâti sur le respect de l'autorité, mais plutôt sur l'affectivité, le respect et la confiance mutuelle. Il garanti un dialogue et un bien-être autant pour les enfants que pour moi. Il invite aussi à l'envie de s'investir et à sourire chaque jour. Les liens entre les enfants sont aussi primordiaux pour l'atmosphère. Des liens de respects, de reconnaissance de l'autre dans ce qu'il est. Ces liens entre eux grandissent petit à petit et garantissent le dialogue. Ce dialogue entre tous les acteurs de la classe est au coeur des différents moments vécus et module le rythme de la vie de classe.


VIE COOPÉRATIVE

Au fil de la journée, ces heures de travail sont ponctuées par des moments en groupe. Pour partager les intérêts, pour présenter et discuter de l'avancée de différents travaux, pour organiser la journée ou simplement faire le point sur le respect des règles élaborées en groupe. Cette vie coopérative où le groupe et moi orientons la vie de la classe encadre et donne vie à cette atmosphère Freinet.


Finalement, j'aurais envie de conclure en disant qu'on reconnaît une classe Freinet par son organisation et ses techniques, mais que l'atmosphère Freinet, quant à elle, prend racine dans les fondements même de la pédagogie: sa conception de l'apprentissage, ses invariants et ses valeurs. Du moins, comme enseignante, plus je me sens connectée et en cohérence avec mes|ses fondements, plus je sens cette atmosphère émerger au quotidien.






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