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  • Photo du rédacteurAline Savard

L'identité professionnelle


Plusieurs phrases ou lectures m'ont portée à réfléchir à mon identité professionnelle, à ce qui me défini en tant qu'enseignante et son lien avec la pédagogie Freinet. Je tente donc, dans cet article, de faire la réflexion « à voix haute ». Un ami disait qu'écrire nous sert d'abord à mieux se comprendre. Alors je t'écoute, Marc, je me lance!


Communauté de pratique

Ce qui m'a d'abord aidé à construire mon identité professionnelle, c'est la communauté d'apprenants que j'ai rencontré et que je rencontre encore. La générosité et l'ouverture de ceux et celles qui se proclament enseignant.e Freinet. Je me souviens de mes premiers pas en pédagogie Freinet où je me posais plus de questions que je ne pouvais répondre. Et ces premières fois où des collègues m'ont ouvert leur porte.


-On fait ça comment, un conseil?

-Viens voir comment ça se passe dans ma classe. On en reparlera après.


-C'est quoi une presse?

-Passe dans ma classe, mes élèves vont te montrer!

La porte ouverte de mes collègues est une source d'apprentissage et d'inspiration porteuse. Aller m'asseoir dans un coin d'une classe, m'y promener, poser des questions, fureter, prendre des photos, discuter et écouter a été pour moi, et est toujours ce qui m'allume en tant qu'enseignante. Quoi de mieux que de sentir le pouls d'une classe pour la comprendre. Puis, une fois de retour dans ma classe, je réfléchis. Comment ça peut se traduire dans ma classe? Est-ce que je veux faire ça? Comment? Comment le mettre à mon image? C'est comme ça que j'ai commencé à introduire, petit à petit, les techniques Freinet.


L'autres aspect de la communauté de pratique qui influence mon identité professionnelle, c'est celle qui concerne les diverses rencontres: informelles, colloques, stages, etc. Ces rencontres sont très enrichissantes: nos partages, nos réflexions, nos remises en question, nos positionnements. Toujours à la recherche d'un équilibre cohérent.

Mon identité a aussi été construite de lectures et de recherches personnelle. Il y a quelques années, j'ai entrepris une maîtrise en didactique des mathématiques car je trouvais qu'il y avait un trou/flou autour des mathématiques et j'avais besoin d'approfondir certains aspects autour de cette matière en tant qu'enseignante Freinet. Ce qui m'a amené doucement vers le sujet de l'épistémologie...


Épistémo quoi?

J'vous avoue qu'avant de débuter ma maîtrise, je n'avais aucune idée ce que voulait dire le terme épistémologie. J'ai bien eu des cours d'épistémologie lors de ma formation en enseignement (je ne savais pas que c'était ça!), mais de comprendre ce que ça voulait dire et surtout ce que ça voudrait dire pour moi, il y avait tout un éventail d'inconnues... ou de découvertes, selon le point de vue! Faisant partie d'un laboratoire de recherche qui s'appelle Laboratoire épistémologique et Activité Mathématique, j'ai dû googleler, lors des premiers mois, une bonne quinzaine de fois le mot afin d'y créer du sens pour moi. Puis, à coup de lectures, de discussions, de cours, j'en suis venue à développer comme un deuxième sens afin de découvrir l'épistémologie des gens. Ainsi, à chaque lecture d'articles ou de discussion professionnelle avec quelqu'un, je me surprends, consciemment ou pas, à chercher l'épistémologie de mon interlocuteur. C'est fascinant de voir que l'épistémologie ancrée en nous façonne notre mode de pensée et oriente nos gestes.


Mais de comprendre que ces perspectives m'ont fait évoluer sur ma compréhension de l'Autre, d'abord, et de la mienne aussi. Ainsi, comprendre mieux mon rapport à l'apprentissage m'a aidé à comprendre mon identité professionnelle. Ça m'aide à comprendre ma posture d'enseignante, de comprendre les choix que je fais au quotidien et enfin, d'expliquer mes gestes. Je souhaite à chaque enseignant.e d'y réfléchir et de se positionner dans la panoplie de positions épistémologiques qui existent. C'est d'ailleurs le constat que fait Gagnon (2015), dans un de ses articles.


Intuitivement, je n'ai jamais eu, du plus loin que je me souvienne, confiance dans le système d'apprentissage par objectif et le morcelage de concepts. Ni d'ailleurs dans les leçons bien préparée qu'on me demandait de faire lors de mes stages mais qui, dans la réalité du terrain (du moins avec moi!), ne tenait jamais très longtemps. Encore plus, ce que je tentais de « faire apprendre », ne se révélait jamais quand je voulais que ça apparaisse. Un peu comme si je faisais un tour de magie qui ne fonctionne rarement.

N'avez-vous jamais entendu, ou dit vous-même: « Pourtant, je l'ai vu avec mes élèves! ».


Maintenant, je sais que je me positionne comme étant une tenante du concept de viabilité des connaissances et que l'individu construit ses propres connaissances au contact de son action avec le monde qui l'entoure et non parce qu'on lui dicte ce qu'il doit apprendre. Plus encore, je pense que tout se module avec l'environnement, bouge, transite. Que nos actions a un impact sur notre environnement et que cet environnement a un impact sur nos perceptions de cet environnement Donc que l'apprentissage n'est pas quelque chose de statique que je peux prédéterminer pour chacun de mes élèves. Ça positionne ainsi ma perspective et mon rôle comme enseignante. Ainsi que celui des enfants qui me sont confiés. Et ça fait écho à mon identité professionnelle.


Ma posture professionnelle

Me comprendre en tant qu'enseignante m'a beaucoup aidé à construire mon identité professionnelle. Cette compréhension de qui je suis sous-tend les actions et les décisions prises au quotidien, en amont ou sur l'instant: créer un environnement favorable à explorer, réfléchir, discuter, s'interroger, critiquer, etc. Ce contexte permet à l'enfant d'évoluer, d'apprendre et de s'émanciper. Ce n'est pas un environnement que matériel, mais aussi organisationnel, positionnel et humain.


Ainsi, l'environnement de la classe est rempli de petits humains et d'objets, qui mis ensemble, provoquent des situations d'apprentissage, d'incertitudes, de discussions... Le tout orchestré par ma posture professionnelle et menant, un jour ou l'autre, à des techniques de vie, viables localement et sujet à être modulées.


Marc Audet parlait souvent qu'on se construit notre propre pédagogie. Pour construire sa pédagogie, il faut construire son identité professionnelle. Ça prend du temps, de l'investissement et une certaine passion.


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