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Un outil Freinet: le journal de classe

  • Photo du rédacteur: Aline Savard
    Aline Savard
  • 19 juil.
  • 5 min de lecture

Habituellement, mes textes visent d'abord à m'aider à réfléchir, à mettre des mots sur ce qui est dans ma tête et à provoquer certaines réflexions, pour moi ou pour les lecteurs. Dans ce texte, je vais faire une introspection de ma pratique tout en vous faisant entrer dans l'application concrète de cet outil. Le résultat va peut-être être plus concret, moins philosophique. Je sais que certain.es enseignant.es ont besoin de ce concret pour explorer de nouvelles avenues. Alors j'y plonge, en toute humilité.


Lorsque j'étais avec les petits, le texte libre et l'écriture collective étaient mes outils privilégiés. J'observais ces petits scripteurs débutants apprivoiser l'écriture et doucement y prendre plaisir. C'était toujours des moments forts que de les regarder me lire leur texte. Cette petite étincelle dans leurs yeux, c'était ma fierté. Mais les quelques tentatives menant à un journal de classe étaient tellement insatisfaisantes, que j'avais mis cet outil de côté.


Le fait de travailler avec des plus grands n'était pas sans me donner l'envie d'explorer le journal de classe. J'avais enfin la possibilité de me lancer pour «de vrai». J'ai d'abord réfléchi à la forme que ça prendrait. Je trouvais que le format magazine était plus parlant pour les enfants. Et je savais que je voulais le mettre dans le plan de travail pour avoir des textes réguliers avec des dates de tombées. Puis, d'autres points restaient à éclaircir: noir et blanc ou couleurs (couleurs, c'est plus intéressant!), à la main ou à l'ordinateur (l'ordi, c'est indéniable!), types de textes imposés ou pas (euh... libres, sans aucun doute!) , corrigé (à leur mesure, bien sûr!)). Ça c'était ma part de l'enseignante.


D'abord, l'observation de magazines

collectif sur les observations de magazines
collectif sur les observations de magazines

Une fois tous ces points éclaircis, j'y suis allée avec le groupe! C'était la part des enfants. J'ai mis à leur disposition différents magazines: JMagazine, Les Débrouillards, Les explorateurs, Nature sauvage, Flore Alors, etc. Je leur ai donné la mission de regarder les différents magazines sans leur en dire davantage. Puis, à la fin de la semaine, nous avons fait le point en collectif sur leurs observations. J'en ai fait le résumé sur une feuille qu'ils ont mis dans leur duo-tang.

Puis on a décidé ensemble du titre, de la mascotte et de la forme. On était prêt!


Les premiers pas

Une fois toutes ces décisions prises, il restait à le faire vivre! À créer une routine de travail permettant la libre expression, l'autonomie et la réalisation de soi. Je ne savais pas trop ce qu'ils auraient le temps de faire en deux semaines. Alors j'ai mis comme travail d'écrire le brouillon en me disant que la suite irait dans les deux semaines suivantes (ce qui donnait une date de tombée de 1 mois). Dans l'horaire de la semaine, il y avait quotidiennement une période de texte libre, ainsi qu'une période de travail autonome. Ce fut si populaire qu'ils ont décidé d'y travailler autant dans les périodes de texte libre que dans les périodes consacrées au travail autonome. Résultat: j'ai dû adapter le travail au temps consacré. Ainsi, ils ont pu, en deux semaines, écrire le brouillon, l'écrire à l'ordinateur et le corriger. Le rythme était lancé! Un magazine par deux semaines (ou presque!). Un rythme qu'ils auront su tenir jusqu'en juin.


Types de textes

Allons voir un peu plus macro le travail des élèves (et le mien!). Ils avaient d'abord à trouver une idée de texte, ainsi que le type de texte. C'était libre à eux. La seule contrainte c'était de ne pas faire de BD ou de mots cachés dans deux magazines de suite. La raison est simple: ils écrivent peu dans ces textes et je voulais qu'ils puissent écrire au moins un texte plus soutenu par mois. De plus, à un certain moment dans l'année, j'ai interdit les mots cachés pour les orienter à concevoir des mots croisés. L'enseignement des types de textes s'est donc fait individuellement selon les textes choisis au fur et à mesure. Deux types de textes ont été approfondis collectivement durant l'année; le texte informatif et le texte narratif. Ce qui nous a permis de sortir deux éditions spéciales, une en décembre avec des histoires de Noël et une en mars sur les animaux du Québec (suite à une visite à l'Écomuséum de Montréal).

Malgré que certains enfants n'ont pas écrit tous les types de texte, ils ont pu être en contact avec les textes de leurs camarades. Je les encouragerai l'an prochain à essayer ce qu'ils n'ont pas encore exploré. C'est l'avantage de les avoir deux ans !

Guide pour la révision et la correction
Guide pour la révision et la correction

Séquence d'écriture

Traditionnellement, les enfants doivent écrire un plan, puis un brouillon. Corriger ce brouillon et réécrire son texte «au propre». Ça vous parle sûrement. Pas dans ma classe. Alors voilà comment ça se passe...

D'abord, l'écriture spontanée à la main. Je pense que les enfants doivent continuer d'écrire à la main pour renforcir les muscles de leurs mains, mais aussi pour prendre le temps de réfléchir à chaque mots ce qu'ils veulent dire. S'ils travaillent à deux sur le même texte, ils doivent avoir leur propre feuille. Moi, ça me permet de voir certaines choses à travailler que je peux reprendre individuellement.

Puis, le texte est réécrit à l'ordinateur et imprimé une première fois. C'est sur cette première impression qu'ils corrigent (sur la feuille imprimée directement). S'ils sont deux, deux feuilles sont imprimées car ils n'ont pas les mêmes cibles d'apprentissage pour la correction. Avec le SPACO, certains travaillent davantage la ponctuation et l'orthographe. D'autres font les accords.

Cibles d'apprentissage individualisées
Cibles d'apprentissage individualisées

Une fois corrigé sur la feuille imprimée et revu avec moi, ils corrigent sur l'ordinateur. Précisons que l'écriture à l'ordinateur s'est fait sur Word sans les lignes rouges. Les enfants à cet âge n'ont pas assez de connaissances sur la langue pour bien interpréter et discriminer les informations liées à ces lignes. Il arrive que pour certains enfants, je réimprime une deuxième fois (avec les premières corrections faites) en ciblant une autre partie de la correction. Par exemple, de surligner tous les verbes (pour un enfant qui travaille cet aspect). Ainsi, la correction est individualisé selon les besoins.

Puis, lorsque les enfants ont corrigé et révisé, leur travail est terminé. Le reste de la correction me revient afin de publier un texte sans faute dans le magazine. Par contre, je n'avais pas prévu le temps que ça me prendrait au fur et à mesure que l'année avançait. Dans le premier magazine, il y avait 10 pages en utilisant la taille de police 14 ou 16. À la fin de l'année scolaire, il y avait 20-25 pages tout en utilisant la taille de police 12. C'est donc plus de texte, plus de correction, plus de temps et plus de travail de part et d'autres.


Mise en page

Au début, c'était moi qui faisait la mise en page totale du magazine avec l'application Canva. Je copiais leur texte dans un document, leur demandais quelle image ajouter à leur texte et harmonisais le tout. Puis, en mars, je leur ai montré à utiliser Canva. Ils ont adoré mettre en page leur propre texte. Je le mettais en travail bonus lorsque tous les travaux étaient terminés. Ce fut un succès!


Diffusion

Utilisation de Canva pour la mise en page
Utilisation de Canva pour la mise en page

Une fois chaque mise en page terminée, les magazines étaient partagés aux parents en pdf et une copie couleur était envoyée à l'imprimerie. Chaque arrivée de notre magazine était comme une fête où les enfants allaient voir leur texte et lire ceux des autres. Seize magazines ont été fait en tout. Ils resteront dans la classe où ils pourront servir d'inspiration aux autres enfants qui passeront dans la classe. Ils sont aussi accessibles dans ce lien: LE magazine 2024-25. Ça pourrait inspirer d'autres enfants (ou enseignant.es)!


En conclusion

Je suis très fière de ce qu'on a accompli cette année. Ce fut intense, mais aussi gratifiant. Ce fut un coup de cœur unanime au bilan de fin d'année, autant chez les élèves, chez les parents que pour moi. À continuer, indéniablement!

 
 
 

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