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  • Photo du rédacteurAline Savard

Maman Freinet

C'était en 2012. J'm'en rappelle parce que je venais d'avoir mes derniers bébés. La grand- mère d'une élève était venue rencontrer mon équipe enseignante. J'y était aussi, avec mes minis. Toujours intéressée de tout, je ne m'attendais pas à ce que cette rencontre alimente une reflexion parentale.

Son témoignage abordait sa vie avec son père qui était un enseignant Freinet sur le vieux continent. À cette époque, seuls les garçons avaient accès à cette pédagogie. Elle, allait à une école de filles. Elle n'avait pas accès à une éducation Freinet. Du moins en apparence. Car son père, du haut de ses valeurs Freinet, continuait d'être lui-même à la maison.

Si, comme enseignant.e, on apporte la vie dans la classe et que la classe est un prolongement de la maison, quoi de plus cohérent que d'être un éducateur Freinet partout? Même chez soi... Il n'en fallait pas plus pour que je me demande si moi, en tant que mère, j'étais cohérente avec mes valeurs professionnelles.


Mini zoom sur ma vie familiale


Je ne sais pas si c'est un hasard, mais j'ai commencé à m'intéresser à l'enseignement alternatif lorsque j'ai eu mon premier enfant. Elle a maintenant presque 18 ans. Artiste jusqu'au bout de l'âme. Puis j'ai eu mon deuxième enfant lorsque je plongeais en pédagogie Freinet. Elle a maintenant presque 15 ans. Pragmatique et déterminée. Finalement, en coup double à la fin, on s'est vu agrandir la famille avec des jumeaux qui ont maintenant 10 ans. l'un est artiste, l'autre scientifique. Quatre enfants, avec des couleurs riches en personnalité, intérêts et défis. Parfois, des gens me disent qu'ils ne savent pas comment on fait. Mais j'avoue que c'est moi qui ne sais pas comment les autres parents font. Chez-nous il y a des écrans : télé, ordis, jeux vidéos. Il n'y a pas de restrictions sauf celle de l'équilibre et du respect. Il n'y a pas de cours, sauf s'ils le demandent. Il n'y a pas de devoirs. Pas de leçons. Sauf s'ils le décident. Oui oui, je suis enseignante. Et mon amoureux, prof à l'Université. Et notre vie familiale ne pourrait être celle qu'on bâtit sans que nous soyons nous-mêmes, ensemble, confiants nos choix éducatifs.


D'abord, la liberté d'explorer... ou la méthode naturelle


Croyants fortement que c'est par l'exploration qu'on se développe, nous tentons d'offrir beaucoup de liberté et de possibilités.

Ceci vient avec sa part de bordel, de risques et de blessures mineures. Les laisser cuisiner, outre les dégâts, leur apprend à lire une recette, mesurer des quantités, comprendre certains concepts de chimie et surtout, l'humilité. Parce que des gâteaux qui ne lèvent pas et des biscuits salés, ça fait parti du lot de l'apprentissage lorsque les enfants cuisinent seuls. Donc, que ce soit en cuisine ou dans d'autres projets, nos enfants explorent, se questionnent sur ce qui ne fonctionne pas, réorientent leurs projets, jusqu'à ce que ça fonctionne.




Accepter une part de risque... ou l'autonomie et la responsabilisation


Nous avons acheté un coffre à outils après quelques années de parentalité. Maison d'oiseaux, projets sans nom, confection de bateaux, on a vu beaucoup de créations avec notre grande, puis les autres. Je me rappelle que pour s'approprier la perceuse, un de mes minis a vissé des vis partout sur le plancher du sous-sol... pour le plus grand déplaisir de nos orteils! Certains d'entre eux ont eu de petits chocs électriques, d'autres se sont brûlés avec la colle chaude. Mais les projets qui émergent de ces "lâcher-prise" parentaux ne sont qu'interéssants et stimulants. De plus, le matériel mis à leur disposition favorise le développement de la créativité : outils divers, cuillères de bois, couteaux, pinceaux, colle, etc. Ainsi, par l'accès à du matériel varié et avec par la possibilité de créer, c'est incroyable ce qu'ils peuvent faire, et apprendre!


Seul c'est bien, plus c'est mieux... ou la coopération


Chaque membre de la famille développe ses aptitudes selon ses intérêt. Mais ce qui reste un incontournable, c'est ce que chacun peut apporter aux autres. Et ça, mes enfants l'ont bien compris! Ils trouvent toujours quelqu'un pour les aider lorsqu'ils bloquent sur quelque chose. Entre la famille et les amis, notre maison est rarement vide!!

Peu à peu, les passions de chacun ressortent et se paufinent. Le temps passé à la maison à explorer différentes avenues leur permet de s'entraider, de se chicaner (oh que oui!!), de se parler, de s'expliquer.



Là, je vais devoir l'avouer à tou.tes... il n'y a pas de scolastique à la maison, du moins pour nos enfants du primaire. Ne le dites pas à leur.s enseignant.es mais les mots à pratiquer, les tables à mémoriser, on ne le fait pas. Sauf bien sûr s'ils le demandent. "Maman, mon prof dit que je dois apprendre ça!" Mais ça, moi je le sais que l'intérêt n'y sera pas, que c'est un apprentissage hors contexte. Qu'infailliblement, ils s'en lassent. Parce que je sais que pratiquer sans besoin, pour quelqu'un d'autre que soi, ce n'est pas motivant. Alors je joue le jeu. Je m'installe avec eux. Je SUIS un parent qui fait les leçons avec son enfant. Jusqu'à ce qu'il se lasse et passe à autre chose de grand intérêt !

Les seuls moments où j'ai senti que c'était utile, c'est quand ça venait vraiment d'eux. Ma grande a vraiment appris ses tables de multiplication lorsqu'elle avait 13 ans. Elle est arrivée un soir en disant vouloir apprendre ses tables. Une semaine plus tard, c'était fait. Elle les maîtrisait. Parce qu'elle avait compris qu'elle en aurait besoin.

J'vous laisse trouver ce qu'on a fait pendant les confinements et l'enseignement à distance. Un indice: relisez les précédents paragraphes!


Est-ce que nos enfants écrivent, lisent ou comptent à la maison? Oui!

Par plaisir, par besoin, par intérêt.


Et vous ne jouez jamais dehors?

Accessoirement, oui! Parce ça prend du temps, tout ça... Alors imaginez tout ça, dehors!



Mais, la coéducation dans tout ça?


Avant l'intervention de cette dame, je croyais qu'un parent en coéducation répondait présent pour venir en classe, et faisait bien les travaux et leçons demandés par l'enseignant.e. Dans le fond, plus le parent répondait à mes attentes, plus il était un bon coéducateur. Mais maintenant, je conçois que c'est une question d'harmonie au sein des valeurs que prône notre pédagogie.


Donc, j'pense que la maman que je suis est cohérente avec l'enseignante en pédagogie Freinet. Je tente, dans ces deux sphères, de favoriser le développement de chacun des enfants à travers le tâtonnement expérimental, l'expression libre, l'autonomie, la responsabilisation.


J'pense être une Maman Freinet, du moins la plupart du temps!








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